Modos de Hablar / Modes de Parler / Ways of Speaking by Pedro G. Romero
Programmé à KADIST Paris dans le cadre de Bastardie : une série d’événements et une exposition qui explorent l’argot, les jargons et plus largement les pratiques linguistiques non conventionnelles, souvent qualifiées de “bâtardes” (du 7 au 30 juin 2024).
Avec
Perrate and Luz Arcas
Commissariat
Pedro G. Romero
17h30-19h : Concert-discussion entre Pedro et Perrate, traduit par Julia Morandeira
19h15-20h : La mesa que baila, Luz Arcas
Si nous comprenons que l’art est un langage, une langue officielle, Pedro G. Romero a toujours été intéressé par les jargons : par ces pratiques et ces manières de faire animées par la même tension que le jargon joue contre le langage. Les façons de parler (phonesis) sont liées aux façons de faire (poiesis) et aux façons de regarder (esthesis) de multiples et incontournables façons ; ce qui circule entre et à travers cette triangulation, est une forme véritablement politique.
C’est dans le domaine du flamenco que Pedro G. Romero a souvent, plus qu’ailleurs, rencontré les résistances de ces façons de parler. Il les explore, les traverse, les accompagne depuis toutes ces années sous la forme d’une conversation, où abondent les affects incontournables et transformateurs. La traduction est ici un problème béni, un tremblement, et non une solution autoritaire ; ou, face à l’émergence du fascisme identitaire, ce que José Bergamín appelle “le minoritaire populaire”.
Cette langue que nous essayons de suivre – germanía ou argot criminel, caló des gitans, langues des prisons, gloses des lumpen, discours des poètes – est en transit permanent. Elle n’entre que difficilement dans les index ou les dictionnaires. Elle se réinvente sans cesse. Fred Moten avait l’habitude de dire “c’est du sous-commun”… C’est ce qui parle en dessous.
Pedro G. Romero travaille comme artiste depuis 1985. Il a fait partie de l’UNIA arteypensamiento et a été membre de la PRPC (Plate-forme de réflexion sur la politique culturelle) à Séville. Il est membre de l’équipe pie.fmc (Plate-forme indépendante pour les études sur le flamenco moderne et contemporain). Il a participé à la Documenta14 d’Athènes/Kassel avec le chorégraphe Israel Galván et le musicien Niño de Elche. Il dirige la collection “Flamenco y cultura popular” de la maison d’édition Athenaica. Entre 2020 et 2022, il réalise les films Nueve Sevillas et Siete Jereles. En 2021, il publie Wittgenstein, los flamencos y los gitanos aux éditions Àrcadia. En 2022, le centre d’art du musée national Reina Sofia de Madrid présente une revue de son œuvre sous le titre Máquinas de trovar. En 2023, en tant que commissaire, il présente Popular à l’IVAM de Valence. En 2024, il finit le film de caballos y guitarras.
Luz Arcas est danseuse, chorégraphe et metteuse en scène, et fondatrice de la compagnie La Phármaco en 2009. Elle réunit ses dernières œuvres dans deux projets: Bekristen/Tríptico de la prosperidad (2019-2023), composé des pièces La domesticación, Somos la guerra et La buena obra; et le Ciclo de los milagros (2020- 2022), composé des pièces Toná, Trilla et Mariana. Elle a chorégraphié pour le Ballet de Víctor Ullate, la Compañía Nacional de Danza de El Salvador et l’opéra Rigoletto mise en scène par Miguel del Arco. Elle est l’autrice du livre Pensé que bailar me salvaría, publié par Contintametienes, et recueille de nombreux prix dont le Godot Award for Best Dance Work 2023, le prix El Ojo Crítico de Danza 2015, et a été finaliste aux Max Awards dans plusieurs catégories en 2022 et 2017, entre autres.
Perrate descend d’une des grandes dynasties gitanes du chant flamenco, la famille Perrate de Utrera : il est l’arrière-petit-fils de Manuel Torre, le fils de Perrate de Utrera et le neveu de Maria “la Perrata”. Chanteur flamenco tardif dont le premier amour était la musique rock, il a commencé à chanter du flamenco de manière surprenante, même pour lui-même, à l’âge de 35 ans, en 1999. Depuis lors, il s’est lancé dans l’aventure créative de construire sa propre réalité au sein du flamenco professionnel, qu’il a combinée pendant de nombreuses années avec son activité de coiffeur pour dames et la gestion de son propre salon. Il collabore régulièrement avec de grands danseurs de flamenco comme Israel Galván, Belén Maya ou Leonor Leal, pour n’en citer que quelques-uns, ainsi qu’avec des musiciens d’autres genres comme Za !, Miguel Marín ou Sistema Tango. Sa musique a été rassemblée dans des albums tels que Tres Golpes (2022), Infundio (2010), Perraterías (2005) ou Utrera Flamenca (2003).
Presented at KADIST Paris as part of Bastardie: a series of events and an exhibition that explore slang, jargon, and broader unconventional language practices, often referred to as ‘bastard’ (from June 7 to 30, 2024).
With
Perrate and Luz Arcas
Curated by
Pedro G. Romero
5:30-7pm: Concert-discussion between Pedro and Perrate, translated by Julia Morandeira
7:15-8pm: La mesa que baila, Luz Arcas
If we understand that art is a language, an official language, Pedro G. Romero has always been interested in jargons: in those practices and ways of doing animated by the same tension jargon plays versus language. The ways of speaking (phonesis) are tied to the ways of doing (poiesis) and to the ways of looking (esthesis) in multiple and inescapable ways; what circulates in between and through this triangulation, is a form of true politics.
It is in the field of flamenco where Pedro G. Romero has often, more than anywhere else, encountered the resistances of these ways of speaking. He has been exploring them, traversing them, accompanying them all of these years in the form of a conversation, where inescapable and transformative affects abound. Translation is here a blessed problem, a tremor, not an authoritarian solution; or, in the face of the emergence of identity fascism, what José Bergamín calls “the popular minoritarian”.
This language that we are trying to follow – a germanía or criminal slang, the caló of the gypsies, prison languages, the glosses of the lumpen, the speech of the poets – is permanently in transit. It hardly fits in indexes or dictionaries. It is constantly reinventing itself. Fred Moten used to say “this is undercommons”… It is that which speaks underneath.
Pedro G. Romero has been working as an artist since 1985. He was part of UNIA arteypensamiento and member of the PRPC (Cultural Politics Reflection Platform) in Seville. He is a member of the pie.fmc team (Independent Platform for Modern and Contemporary Flamenco Studies). Participant in Documenta14 Athens/Kassel with choreographer Israel Galván and musician Niño de Elche. He directs the collection “Flamenco y cultura popular” in Athenaica publishing house. Between 2020 and 2022 he directed the films Nueve Sevillas and Siete Jereles. In 2021 he published Wittgenstein, los flamencos y los gitanos with Àrcadia publishing house. The Reina Sofia National Museum Art Center in Madrid presented in 2022 a review of his work under the title Versifying Machines. In 2023, as curator, he presented Popular at IVAM in Valencia. In 2024 he finished the film de caballos y guitarras.
Luz Arcas is a dancer, choreographer and director, founder of the La Phármaco company in 2009. She brings together her latest works in two projects: Bekristen/Tríptico de la prosperidad (2019-2023), composed of the pieces La domesticación, Somos la guerra and La buena obra; and Ciclo de los milagros (2020- 2022), composed of the pieces Toná, Trilla and Mariana. She has choreographed for the Ballet de Victor Ullate, the Compañía Nacional de Danza de El Salvador and the opera Rigoletto directed by Miguel del Arco. She is the author of the book Pensé que bailar me salvaría, published by Contintametienes, and has won numerous awards, including the Godot Award for Best Dance Work 2023, the El Ojo Crítico de Danza 2015 prize, and was a finalist at the Max Awards in several categories in 2022 and 2017, among others.
Perrate descends from one of the great gypsy dynasties of flamenco singing, the Perrate de Utrera family: he is the great-grandson of Manuel Torre, son of Perrate de Utrera, and nephew of Maria “la Perrata”. A late flamenco singer whose first love was rock music, he began to sing flamenco surprisingly, even for himself, at the age of 35 in 1999. He has since then embarked on the creative adventure of carving his own reality within professional flamenco, which he combined for many years with being a ladies’ hairdresser and running his own salon. He has a regular collaborator to great flamenco dancers such as Israel Galván, Belén Maya or Leonor Leal, to name a few, as well as with other musicians from other genres, such as Za!, Miguel Marín or Sistema Tango. His music has been collected in albums such as Tres Golpes (2022), Infundio (2010), Perraterías (2005) or Utrera Flamenca (2003).