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Paris

Shooshie Sulaiman: Malay Mawar

English version below

Ce printemps, nous accueillons en résidence l’artiste Shooshie Sulaiman dont le travail est présent dans la collection Kadist. Sa première exposition personnelle en Europe ouvrira le 10 juin 2016.

L’artiste malaisienne Shooshie Sulaiman travaille à différentes échelles, d’une pratique quotidienne du dessin et de l’écriture, elle développe des installations in situ et des performances dans l’espace public. Sa pratique artistique débute dans les années quatre-vingt dix, au moment où la Malaisie s’internationalise et s’ouvre au libre-échange, ce qui a marqué la société d’un point de vue psychologique. Son travail peut ainsi être perçu comme un précieux témoignage de ce que le pays a traversé socialement et politiquement, tel un paysage émotionnel de cette période.

Shooshie Sulaiman s’investit dans deux activités complémentaires, son travail personnel et des projets collectifs afin de former une solidarité au sein de sa communauté artistique. Elle cherche à aller au-delà de la distinction entre sphère publique et privée, commerciale et non commerciale, et créé en 2006 à Kuala Lumpur une galerie appelée “12”. Considérant plus tard ce modèle comme inadapté, elle développe en 2014 une plateforme pour les artistes appelée MAIX (Malaysia Artists’ Intention Experiment).  Ces initiatives reflètent l’intérêt de l’artiste pour la création d’espaces et d’expériences afin de développer un savoir partagé. Pour elle, il s’agit de remettre en question la capacité des institutions à accueillir certaines formes d’expérimentations telles que l’art éphémère.

Comme le dessin et l’écriture, Shooshie Sulaiman pratique quotidiennement le jardinage.  En France, l’histoire des jardins en fait un art codifié, reflet de l’esprit de son temps. Comment une activité qui pour l’artiste est aussi naturelle que de boire de l’eau peut-elle être considérée comme un art ? Est-ce qu’un artiste peut-être jardinier ou un jardinier un artiste ? Se demandant si une expérience scientifique peut être esthétique, Shooshie Sulaiman réalise une greffe entre deux espèces de roses, l’une provenant de la tombe de sa mère située à Johor State, et l’autre issue d’une ferme près de Paris. Étant donné que la terre est  de la terre et que les biosciences  peuvent engendrer un clone exotique, pourquoi l’alliance d’une rose Malaisienne, Malay Mawar, à une rose française ne serait-elle pas une réussite ? Sur la terrasse de Kadist, où le « mariage » a eu lieu, l’artiste créé non seulement une fusion entre deux cultures mais aussi une exposition vivante dont il faut prendre soin.

Parallèlement, l’artiste a souhaité impliquer un groupe de participants dans la dissémination de ses dessins dans des jardins parisiens ; un protocole qu’elle nomme « plantation de dessins ». Cette recherche sur le jardinage dépasse le cadre de l’exposition pour nourrir à plus long terme un projet développé avec la communauté artistique MAIX. Suite à l’acquisition d’un terrain situé au milieu de la forêt à 2h30 de Kuala Lumpur, Shooshie Sulaiman imagine un écosystème au sein duquel le jardinage leur permettrait de vivre de leurs récoltes.
L’expérimentation esthétique peut-elle définir un modèle de développement durable ?

Avec les mots de Jenniffa Hanum Dadameah

 

Spring artist in residency, Shooshie Sulaiman is part of the Kadist collection. Her first solo exhibition in Europe will open at Kadist Paris on June 10, 2016.

The work of Malaysian artist Shooshie Sulaiman develops in various forms, from site-specific installations and outdoor performances, to a daily practice of writing and drawing. She started her artistic practice during the 1990’s, when Malaysia opened to the free market and became more international, not without psychological impact on its society. Thus, her work can be perceived as a precious testimony of what the country went through, an emotional landscape of what happened politically and socially during that time.

 Shooshie Sulaiman commits to two complementary practices, her personal work and her collective projects, which aim for a solidary artistic community. Challenging the demarcations between the private and public spheres, the commercial and non-commercial, she created a gallery in 2006, named 12. When she considered that the model was inappropriate, she started a platform for artists, MAIX (Malaysia Artists’ Intention Experiment), in 2014. These initiatives reflect her main concerns of sharing spaces and experiences to develop a deeper collective awareness, challenging the institution by trying to shape one able to face every type of artistic experiment such as ephemeral art.

Next to writing and drawing, Shooshie Sulaiman practices gardening on a daily basis in Kuala Lumpur.  In France, the tradition of gardening has turned it into a codified art, characterized by historical movements, which mirror the spirit of the times. How can an activity that she considered as natural as drinking water be celebrated as an art? Is an artist a gardener, or is a gardener an artist? Wondering if a scientific experiment could be aesthetic, she started by creating a new rose, grafting two botanic species: a rose coming from the bush growing on her mother’s grave in Johor State, the other one from a farm nearby Paris. Given that earth is just earth, and biosciences can create and clone exotica, why would a Malay Mawar (“rose” in Malay) marrying a French Rose not be singularly original and successful?

In Kadist’s outdoor spaces, where the “marriage” took place, she has created not only a fusion, a bridge between two cultures, but a living exhibition which asks for care. In parallel, Shooshie Sulaiman involved participants in the dissemination of her drawings around Parisian gardens, a protocol that she calls « Planting Drawings ». This research on gardening extends the framework of the exhibition itself, it nourishes a long-term project that the artist is developing with her community through the acquisition of a plot of land in the forest two and a half hours away from Kuala Lumpur- a vision of an ecosystem in which gardening could provide a living.
Can an aesthetic experiment in the long run define a model of sustainability?

With words by Jenniffa Hanum Dadameah