State (in) Concepts
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State (in) Concepts
Vernissage vendredi 20 octobre 2017, de 18h à 21h
commissaire : iLiana Fokianaki
avec Margarita Bofiliou, Laure Prouvost & Jonas Staal, Alexandros Tzannis
et programme vidéo avec Zbynek Baladrán, Filipa César, Keren Cytter, Cao Fei, Basim Magdy
Partant de la question « que pourrait être une programmation artistique européenne ? », KADIST invite iLiana Fokianaki, fondatrice et directrice de State of Concept, une institution à but non lucratif située à Athènes, à imaginer une rétrospective de son programme initié en 2013. Dédié à la présentation d’expositions personnelles d’artistes grecs ou internationaux (entre autres, After Europe par Jonas Staal en 2016, Everything’s wrong Xerxes par Margarita Bofiliou en mai 2015, et C’est l’est not ouest par Laure Prouvost en avril 2016), State of Concept a également invité des curateurs internationaux à commenter à travers leurs expositions, la situation sociopolitique actuelle en Grèce et au-delà. Son programme s’est concentré au cours de ces dernières années sur les différentes crises européennes. Fokianaki conçoit les expositions comme des opérateurs agissant à la jonction de l’art et de la politique, dans un espace conceptuel où les principales notions qui définissent notre compréhension du monde peuvent être défiées et redéfinies. La question posée à travers cette exposition à KADIST serait: est-ce qu’une institution artistique à but non lucratif, née dans une région en crise, peut être considérée comme une entité souveraine ? ; peut-on considérer une institution artistique comme un État en soi ?
Fokianaki part des théories de Deleuze et Guattari et explore notamment la notion d’Urstaat, l’« éternel modèle » de l’État. « L’État ne s’est pas formé progressivement, mais surgit tout armé, coup de maître en une fois, Urstaat originel, éternel modèle de ce que tout État veut être et désire. »[1] Il y a le double désir de l’État lui-même de perdurer éternellement, et de se référer à son existence antérieure, et simultanément, le désir collectif de le voir exister, par ses sujets. Selon Deleuze et Guattari, l’hypothèse de l’Urstaat permet de créer une théorie de l’appareil d’État et d’identifier des modes opératoires simultanés entre production sociale et production inconsciente.
Dans l’exposition, les artistes sont invités à penser l’institution artistique comme un État souverain. La première salle de KADIST en devient le siège pour accueillir des évènements. Une œuvre collaborative inédite de Jonas Staal et de Laure Prouvost, The Aube’s cure Parle Ment forme un parlement alternatif pour des subjectivités qui ne seraient ni des humains, ni des objets, et qui n’auraient donc aucune reconnaissance dans le discours politique officiel.
En dialogue avec cette installation, Margarita Bofiliou et Alexandros Tzannis présentent de nouvelles œuvres. La peinture de Bofiliou représente les infrastructures qui déterminent nos conditions de vie en tant que citoyens d’États-nations, elle en capture la sombre réalité dont nous sommes témoins tout en dépeignant avec humour la banalité de nos rituels quotidiens. Tzannis crée des environnements qui interrogent les frontières de la ville. Il s’intéresse particulièrement à la cartographie et pour l’exposition, a travaillé à la représentation des banlieues parisiennes et à leur charge politique.
State (in) Concepts vise à repenser les sens du mot « État » et tout ce qui le constitue à travers les notions d’identité, de citoyenneté, de classe, au sein des pouvoirs institutionnels qui nous entourent. Ici les artistes mettent en doute notre perception du réel et dépeignent des formes de violence qui découlent de ces institutions. Ces questions seront également abordées dans la programmation de films présentée en deux parties dans l’exposition : « Obscure States » dresse des portraits de villes dans les films de Cao Fei et Basim Magdy ; et « Concepts of States » revient sur les différents concepts de citoyenneté avec des œuvres de Keren Cytter, Filipa César et Zbynek Baladrán.
[1] Gilles Deleuze, Félix Guattari, Capitalisme et Schizophrénie 1 : L’Anti- Œdipe, Paris : éditions de Minuit, 1972, p. 257
Cette exposition a reçu le soutien de l’association Phenomenon et de Mondriaan Fund.
State of Concept est soutenu depuis sa création par Outset Greece.
State (in) Concepts
Opening reception on Friday, October 20, 2017 from 6 to 9pm
with Margarita Bofiliou, Laure Prouvost & Jonas Staal, Alexandros Tzannis
and screenings with Zbynek Baladrán, Filipa César, Keren Cytter, Cao Fei, Basim Magdy
cur: iLiana Fokianaki
Starting from the question ‘what could a European artistic program be?’, KADIST invites iLiana Fokianaki, Founder and Director of State of Concept, a non-profit institution located in Athens, to present a retrospective of her program that began in 2013. State of Concept has since its inception focused on solo exhibitions by international and Greek artists (such as After Europe by Jonas Staal in 2016, Margarita Bofiliou Everything’s wrong Xerxes in May 2015, Laure Prouvost C’est l’est not ouest in April 2016, a.o.) whilst inviting international curators to comment on the current socio-political landscape of Greece and beyond. During the last year, the focus of the exhibition program has zoomed into the many European crises. Fokianaki aims her exhibitions to function as agents that operate in between the domain of the political and the artistic, a space in concept, in which core notions that define our understanding of the world can be challenged and redefined. What other classifications, defining our place beyond or parallel to the state, the nation, the city or the community, can be imagined? The question addressed behind the exhibition at KADIST is ‘could a non-profit art institution born into a region of crisis be considered as a sovereign entity?’ What if we considered an art institution as a State in itself?
Fokianaki revisits the work of Deleuze and Guattari, particularly the notion of Urstaat, “the eternal model of everything the State wants to be and desires”1. Primarily the State desires itself to perpetually exist and to refer to its previous existence, and simultaneously there arises a collective desire for its existence by its subjects. Deleuze and Guattari clarify:
“we are always brought back to the idea of the State that comes into the world fully formed and rises up in a single stroke, the unconditioned Urstaat2”. For them, the hypothesis of the Urstaat, creates a theory of the State-form that identifies its modus operandi, through social production and unconscious production, simultaneously.
In the exhibition, the artists are invited to think of the art institution as a sovereign State. The front room of KADIST will become the State’s headquarters, its parliament, functioning as the core of the exhibition, and hosting discursive events: a new collaborative work by Jonas Staal and Laure Prouvost, The Aube’s cure Parle Ment, (Prouvost’s proposition for a new phonetic pronunciation of “Obscure Parliament”, typical of her play with words throughout her practice, wishes to highlight in French the words “speak” and “lie”). The Aube’s cure Parle Ment is an alternative parliament for subjectivities that are neither humans nor objects, and as such, not recognized within the established political discourse.
In dialogue with this installation, Margarita Bofiliou and Alexandros Tzannis present new works. Bofiliou’s painting literally draws the set structures that define our everyday conditions as citizens of nation-states, but also suspends the grim realities we witness by humorously depicting daily urban rituals or mundane habits. Tzannis creates environments that challenge the frontiers of his life in the city. He is particularly interested in the notion of mapping, and will revisit the representation of the banlieues of Paris, and their politically charged signifiers.
State (in) Concepts aims at recomposing our understandings of the State—and all that forms it: identify, citizenship and class, within the structures of institutional powers that surround us. Here the artists question our perception of the real and depict the different forms of violence that emerge from these structures.
These questions will also be developed in the exhibition space through a screening program in two parts: « Obscure States » will portray the city as a character with works by Basim Magdy and Cao Fei; and « Concepts of States » will zoom into different conceptualizations of citizenship with works from Filipa César, Zbynek Baladrán and Keren Cytter.
1. Gilles Deleuze and Félix Guattari, Anti-Oedipus, University of Minnesota Press, Minneapolis, 1983, p. 217-219.
2. Deleuze and Guattari, A Thousand Plateaus, University of Minnesota Press, Minneapolis, 1983, p. 427.
State of Concept has been supported since its inauguration by Outset Greece.
This exhibition receives the support of :
Association Phenomenon and Mondriaan Fund