The Grip / La Mainmise
The Grip / La Mainmise
4 décembre, 2010 – 6 février, 2011.
Avec Michal Chelbin, Douglas Gordon, Ho Tzu Nyen, Kate Mitchell, Mr&Ms, and Arin Rungjang.
Kadist Art Foundation a le plaisir d’annoncer l’exposition de Dougal Phillips, conçue durant sa résidence.
The Grip / La Mainmise, présente le travail d’artistes australiens et d’Asie du Sud-Est (aux côtés de leur pairs européens). Faisant référence aux théories postcoloniales, l’exposition s’attache aux métaphores de l’enfance, de l’histoire et du pouvoir, pour explorer les pratiques et préoccupations des artistes de ces régions.
Une publication accompagnera l’exposition.
Comment appréhendons-nous le monde et quelle emprise avons-nous sur lui ? The Grip / La Mainmise est un projet d’exposition sur la connaissance, les modes d’appréhension du monde, qui se transmettent et se forgent par la croyance en celui qui guérit de ses mains, en l’homme de loi ou en l’ancêtre. Le titre est un emprunt à l’essai éponyme de Jean-François Lyotard dans lequel il décrit l’emprise affective de l’enfance (mancipium) et les fables sur l’émancipation vers l’âge adulte pour adulte, au sein d’une économie complexe de « la mainmise », selon laquelle il manquerait une main de libre à l’enfant à qui on tient la main.
L’exposition rassemble des artistes dont le travail a trait à la transmission du savoir et à la phénoménologie du pouvoir. À travers une performance, des photographies, films et installations, les oeuvres présentées sont comme des reprises originales, des formes de piratage d’images qui se pratiquent en dehors de l’économie courante. Pour les artistes, c’est une manière de se demander, comment libérer l’image, comment profaner une archive, comment re-coloniser « l’original » et les prérequis.
Les artistes invités sont originaires d’Australie, de Singapour, de Thaïlande et d’Europe. Ils portent implicitement en eux le thème du voyage retour, du citoyen colonisé, ou de celui qui ne l’était pas mais qui imagine à nouveau ce que représentait le siège du pouvoir impérialiste.
La nouvelle oeuvre de l’artiste thaïlandais Arin Rungjang crée un environnement au sein de l’espace d’exposition.
Il y développe une réflexion sur la philosophie contemporaine à travers un entretien avec Pier Luigi Tazzi*, qu’il confronte à l’histoire de son père et en référence aux immigrés de Paris.
La photographie de Michal Chelbin représente l’étrangeté du rapport familial entre un père et sa fille dont les regards en miroir laissent entrevoir une relation de pouvoir trouble et déséquilibrée.
Le duo d’artistes australiens, également mari et femme, Ms&Mr, revisitent leurs archives vidéo, celle de leur enfance dans les années 1980, et celle de leur histoire partagée, en les entremêlant avec la figure mystique du russe Nikolai Fyodorov. Celui-ci croyait que l’immortalité pouvait s’atteindre grâce à la ‘Religion de la Résurrection Ressuscitative’, ces expéditions cosmiques qui permettent de contacter nos grands-parents et nos
ancêtres. Dans l’oeuvre de Douglas Gordon, les yeux de Spencer Tracy, absents et remplacés par des miroirs, voient mais ne peuvent être vus. Que voyons-nous en l’icône de Tracy, sinon celui qui incarnât tout au long de sa carrière Le Vieil Homme, la figure du père, et même un juge de Nuremberg ?
Kate Mitchell apporte une touche de subversion athlétique et australienne en s’emparant d’un lustre, symbole des Lumières, dans une oeuvre qui évolue entre performance, endurance, projection dans l’espace public et vidéo.
Elle a filmé depuis l’autre côté du globe, cette scène incroyablement physique où elle se suspend à cet objet immuable et civilisé, pour la projeter ensuite dans les rues de Paris. On retrouve cette même forme de théâtralité dans l’oeuvre de l’artiste singapourien Ho Tzu Nyen qui fait d’une adaptation du texte de Nietzsche Ainsi parlait Zarathoustra, une sorte de vidéo-clip, un plan-séquence sombre tourné sur fond de musique heavy-metal.
Ce film a été coproduit avec des étudiants de cinéma et de théâtre dans le cadre d’un exercice pédagogique autoréflexif. L’oeuvre met ainsi en scène le partage de la connaissance, la confrontation au poids de l’ignorance et le ressaisissement collectif vers l’illumination et l’émancipation.
* Pier Luigi Tazzi (né à Colonnata, Italie, en 1941) est commissaire d’exposition basé à Capalle, Florence, et à Bangkok. Il était co-directeur de DOCUMENTA IX à Kassel (1992).
The Grip / La Mainmise
4 December, 2010 – 6 February, 2011
With Michal Chelbin, Douglas Gordon, Ho Tzu Nyen, Kate Mitchell, Mr&Ms, and Arin Rungjang.
Kadist Art Foundation is pleased to announce the exhibition conceived by Dougal Phillips following his residency. The Grip / La Mainmise approaches the work of artists from Australia and South-East Asia (alongside European peers) through a post-colonial framework that refers to metaphors of childhood, history, and power to explore the practices and concerns of artists from this region.
A catalogue will be published on this occasion.
How do we grasp and hold onto the world? The Grip / La Mainmise is an exhibition project about knowledge – about the giving and taking of how we understand the world and the faith we hold in the putting-on of hands, in the law-giver and the forefather. The title is respectfully appropriated from the essay by Jean-François Lyotard, in which he writes of the affective grip (mancipium) of childhood and the adult fables of emancipation within the complex economy of the grip – the child whose hand is held lacks a hand.
The exhibition brings together artists whose works engage with the giving of knowledge and the phenomenology of power. Through performance, photography, film and installation, the works in this exhibition propose novel, returning gestures of taking-back, an image-based banditry that operates outside of the normal economies. The question is asked: How can artists liberate the image, profane the archive, and re-colonize ‘firstness’ or prior knowledge?
The participating artists are drawn from Australia, Singapore and Thailand as well as from Europe, and the overtone of the returning journey, colonized and never-colonized citizens re-inhabiting and re-imagining the a seat of imperial (philosophical) power. A new work by Thai artist Arin Rungjang creates an environment within the gallery for a reflection on modern philosophy as understood through an interview with Pier Luigi Tazzi* set against Rungjang’s father’s history and the touchstones of immigrant Paris. In her photographs, Michal Chelbin poses the strange familiarity between and father and daughter with mirrored gazes and an unbalanced and uncanny power relation.
The Australian artistic duo and married couple Ms&Mr re-inhabit their own video archive from a 1980s
childhood, short-circuiting their shared and discrete histories with inspiration from Russian mystic Nikolai Fyodorov who believed immortality could be achieved through a ‘Religion of Resuscitative Resurrection’ – cosmic expeditions to reconnect with our grandfathers and ancestors. The absent, mirrored eyes of Douglas Gordon’s Spencer Tracy see but cannot be seen. What might we make of Tracy as icon, playing in his long career The Old Man, a universal father, and a Nuremburg judge?
Kate Mitchell brings an athletic, Australian subversion to the French icon of the chandelier, in a work that moves across durational performance, public projection and video. Her intensive and physical taking-over of the still and civilized light fixture is played out in the Paris streets, yet performed on the other side of the world. The order of play is the same register in which Singaporean artist Ho Tzu Nyen literally re-enacts the text of Nietzsche’s Thus Spake Zarathustra, in a dark, one-take heavy-metal video spectacle co-produced with film and theatre students as a self-reflexive pedagogical exercise. His work restages the giving of knowledge, the heavy burden of ignorance, and the complex and collaborative grasp on illumination and emancipation.
Dougal Phillips
*Pier Luigi Tazzi (Colonnata, Florence 1941) is a curator currently based in Capalle, Florence, and in Bangkok. He was co-director of DOCUMENTA IX in Kassel (1992)